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Bernard Werber
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2 juillet 2009

Le Souffle des dieux, fin inédite

Voilà la fin inédit du cycle des dieux. La fin pour laquelle Bernard Werber a longuement hésité avant de la couper. C'est en quelque sorte l'épilogue du roman.

Le mystère des Dieux (fin inédite)

...
- Lequel ?
- «LIRE» ! Et par cet acte quasi divin créer un monde. Tu peux n'importe quand saisir un roman avec des personnages imaginaires et leur donner vie. Zeus t'a, paraît il, signalé que ton nom signifie en hébreu : «Qui est comme dieu ?». Tu es porteur de cette question métaphysique. Et tu connais enfin la réponse....
QUI EST COMME DIEU ?...
Voilà enfin la réponse :
LE LECTEUR.

ENCYCLOPEDIE: APOTHEOSE

L'Apothéose est l'acte qui consiste à métamorphoser un être humain en dieu (Theos).
En Egypte les pharaons considéraient que leur prédécesseurs devenaient des dieux après leur mort. Il pratiquait donc la cérémonie d'Apothéose. Ce qui était pratique puisque cela leur permettait de se prétendre de leur vivant, eux mêmes, « futurs dieux ».
En Grèce le passage d'humain à dieux était une manière de transformer les héros fondateur des villes en divinité aux pouvoirs magiques ce qui augmentait le prestige des dites cités. (Par exemple Heraklès simple mortel devient dieu et donne son nom à la ville d'Héraklion). Alexandre le grand reçut l'apothéose à sa mort. Cet honneur fut même parfois accordé à des artistes comme Homère.
Pour les romains de l'antiquité l'Apothéose suivait un rite particulier.
Un cortège était formé de sénateurs, de magistrats, de pleureuses professionnelles, d'acteurs portant les masques des ancêtres, et d'un bouffon imitant le comportement du défunt. Avant de mettre le corps sur le bucher on amputait le cadavre d'un de ses doigts pour qu'il reste quelque chose de lui sur terre.
Puis le corps était incinéré et un aigle était laché pour servir de psychopompe et transporter l'ame du défunt vers le royaume des dieux.
Jules César fut le premier romain a recevoir son Apothéose officielle juste après son assassinat en 44 avant JC. Par la suite le Sénat romain accorda l'Apothéose a tous les autres empereurs qui suivirent. Dans le domaine de la peinture et de la sculpture l'Apothéose est un thème recurant sensé représenter la réception d'un homme parmi les dieux.
Dans le domaine littéraire «Terminer en Apothéose » est souvent utilisé pour signifier un feu d'artifice terminal.

Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu. Apport de Delphine.

* * *

LE DERNIER REVE

Rêve.
Je rêve.
Je rêve que que je suis un humain et que je mène une vie normale.
Reveille toi.
Je garde les yeux fermés pour demeurer encore préservé dans mon monde onirique.
- Reveille toi donc!
Est ce que je rêve qu'on m'ordonne de me reveiller ou me parle t on vraiment ?
Je serre les paupières pour me protéger de ce réel que je ne veux plus revoir.
Dans mon rêve je dors paisiblement dans un lit en bois noir garni de draps de coton blanc dans une chambre aux murs bleus auxquels sont suspendus des photos de coucher de soleil.
Il y a un papillon argenté au plafond.
- Reveille toi...
Je rêve que je me reveille.
Je quitte une réalité et en rejoins une autre.
J'entrouvre les yeux et je vois une bouche pulpeuse de femme qui me parle de près. Les lèvres roses se soulèvent révelant un profond tunnel au fond duquel je distingue vaguement un palais, une langue en bas, des dents luisantes sur les cotés. Tout au fond vibre une glotte.
- Michael...
J'ouvre plus largement les yeux et je vois à qui appartient la bouche rose.
C'est un visage de femme. Son parfum est doux.
Je me souviens.
Ce monde fantastique est le «vrai monde».
Et le monde que je pensais « normal » est le «monde de mon rêve».
Qui suis je déjà ? Ah oui...
Je me nomme Michael Pinson.
J'ai été Mortel
Je suis mort.
J'ai été Ange.
J'ai sauvé des ames.
Je suis devenu élève dieu.
J'ai fauté.
Je suis redevenu mortel.
J'ai gagné Delphine.
Je suis redevenu élève dieu.
J'ai gravi la deuxième montagne.
J'ai atteint son sommet et j'ai été aspiré.
Je me suis transformé en lumière.
Je me suis tassé en étoile.
J'ai parlé à la Galaxie.
J'ai parlé à l'Univers.
J'ai été projeté aux limites de l'Univers et j'ai découvert qu'en fait je n'étais qu'un personna...
Delphine m'embrasse et interrompt le cours de mes pensées.
- Je suis tellement heureuse de te revoir, Delphine.
Autours de nous la nature hospitalière de l'Ile de la Tranquillité bruisse de milles chants d'insectes. Des parfums de fleurs et de plantes embaument l'air. La chaleur du matin vient évaporer la première rosée. Une musique de flute de pan jouée par un habitant résonne au loin. Delphine et moi restons longtemps enlacés. Puis j'entends un gazouillis d'enfant.
Je me précipite dans la pièce d'ou proviennent les sons. Je vois un bébé dans un couffin. Je n'ose approcher.
- C'est bien notre enfant. Comme tu avais disparu j'ai décidé de lui donner un prénom.
«Romane».
Delphine ajoute mutine :
- Voilà ma « création personnelle ».
- Romane? C'est joli comme prénom.
Le bambin s'aperçoit de ma présence et me fixe avec ses deux énormes yeux bleus comme des lampes turquoises. Puis Romane a un début de sourire.
Je prend le bébé dans mes bras et sent une émotion forte monter en moi.
C'est comme si tout ce que j'avais vécu depuis plusieurs heures, plusieurs journées, plusieurs années, plusieurs siècles, plusieurs vies n'avaient servi qu'à arriver à cet instant.
J'ai voulu savoir maintenant je sais.
J'ai envie de rester avec Delphine et Romane seuls loin de tout.
La réponse à la question de mon propre prénom «Qui est comme Dieu ? » m'a amené trop loin.
J'ai envie d'une vie normale sans me poser de questions autres que «Qu'est ce qu'on mange ce soir ? » «Fera t il beau ? ». Non même pas ça, c'est déjà une question sur le futur «Fais t il beau ? » ou même « Qui va faire la vaisselle » et pourquoi pas «Qu'y a t il comme bon film à voir ce soir à la télévision?». « Ou connais tu un bon livre à lire ?». Peut être me passionner pour le sport, le football, le tennis ou les courses cyclistes. M'interesser à la politique.
Ne plus avoir d'ambition.
Rester tranquille a attendre que la vieillesse fasse son œuvre apaisante.
- Tu sais Delphine...
- Quoi ?
- Tu avais raison. Il faut que je continue d'écrire en essayant de rendre les personnages les plus « vivants » possibles. Il y aura un moment ou ils se mettront à vivre au delà de moi.
- Tu étais où ? demande t elle comme si elle n'avait même pas entendu ma remarque.
- Si je te le disais tu ne me croirais pas.
- Encore tes délires démiurges avec les mondes du dessus et du dessous ?
Je l'embrasse et elle fait le geste de laver ma tête pleine de fantasmagories.
Dans la journée qui suit, je retrouve tous mes amis de l'Ile de la Tranquillité. J'apprends l'évolution du projet «l'Arbre des possibles ». La vie du jeu informatique « Le Royaume des dieux ». Les habitants de l'Ile veulent faire une fête pour mon retour. Je répond que je préfère éviter les mondanités.
Je reste près de Delphine et de Romane.
Puis le soir sous le conseil de ma compagne je décide de raconter tout mon « délire », ne serait ce que « pour m'en débarasser » et ne plus ennuyer mon entourage avec ces histoires qui me hantent.
Je note rapidement un plan général décomposant chaque aventures. Il y en a trop. Un seul ouvrage n'y suffira pas.
Je décide d'écrire au préalable un volume d'avant « le Royaume des dieux ».
Je pourrais titrer le premier «Les Conquerants du Paradis »... ou non carrément utiliser le néologisme « Les Thanatonautes ». Après naturellement il faudrait écrire «L'Empire des Anges » et pour les dieux peut être «Le Royaume des Dieux » et donc la suite «Le Mystère des Dieux ».
Il faudra que je cherche si je ne peux pas trouver de meilleurs titres.
Dès le lendemain matin de mon retour je commence à rediger les « Thanatonautes ». Les premiers mots tombent: une goutte, deux gouttes et puis c'est le ruisseau qui coule.
«Ais je le droit de tout raconter ?
Même à présent avec le recul, j'ai du mal à croire que ce qui s'est passé, s'est réellement déroulé. J'ai du mal à croire que j'ai participé à cette formidable épopée. Et j'ai du mal à croire que j'y ai survécu pour en témoigner.
Evidement, personne n'aurait pu se figurer que tout irait si loin... »
Dans les mois qui viennent j'écris pratiquement d'un trait le premier chapitres des «Thanatonautes ».
En écrivant mon livre, j'ai l'impression de m'émanciper du roman dans lequel je me trouve, moi même.
En fait en écrivant... j'ai l'impression que je reprends le contrôle de mon propre personnage. Donc je redeviens maitre de mon destin. D'abord du passé puisqu'en racontant mon histoire, je la digère et la remet en scène. Ensuite de mon présent.
Peut être même de mon futur.
Plus que jamais je me rends compte de mon privilège d'écrire, créer des mondes, et les faire vivre pour d'autres.
L'écriture est mon seul moyen de devenir libre.
Et une fois libre, je peux prendre la mesure de qui je suis vraiment et de ce que je peux faire.
Je regarde au loin le soleil écarlate qui se couche sur l'horizon ciselé d'arbres tropicaux. J'inspire profondément et je ressens une impression de pur bonheur.
Je souris.
Je suis bien. Ici et maintenant.
Toute cette aventure m'a appris que nos pouvoirs sont bien plus importants que nous ne l'imaginons. Nous avons oublié. Nous nous sous estimons.
Nous ne parvenons pas à mesurer notre pouvoir parce que nous sommes gênés par nos souvenirs du passé et notre hantise du futur. Et surtout nous sommes trop... modestes.
Pourtant telle est la seule conclusion auquel m'a amené toute cette vaste saga spirituelle.
NOUS POUVONS TOUS DEVENIR DES CREATEURS DE MONDE.
Nous pouvons composer de la musique, là ou il n'y a que du silence.
Nous pouvons éclairer la ou ne règnent que des ténèbres.
Nous pouvons tous créer de la vie, là ou il n'y a rien.
Nous pouvons inventer des êtres là ou il n'y a personne.
Je regarde Romane qui balbutie pas loin de mon bureau.
Nous pouvons créer un être humain avec la simple rencontre de deux désirs.
Et en accomplissons ces actes de pure création nous nous transformons en petits dieux.
NOUS POUVONS TOUS DEVENIR DES DIEUX.
Nous avons tellement de pouvoirs.
Il suffit d'en prendre conscience.
Reveil.

* * *


FIN DE LA TRILOGIE DES DIEUX.

FIN DE LA PENTALOGIE DU CIEL.

* * *

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